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Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/95

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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Tu as du cran, Liliane, lui disait une petite femme en enlevant ses bas. Faire un numéro comme cela après ce qui t’arrive…

— Ça a marché ?

— Si ça a marché, je te crois ! Ils en étaient comme deux ronds de flan. Ce que je vais avoir l’air tarte, moi, avec mes claquettes. Pour du succès. tu as du succès.

— Fous-toi à poil, ils t’applaudiront toujours.

— C’est pas vrai. Il faut avoir ton corps pour cela. Et puis, il faut savoir s’en servir.

— Et pourtant, j’avais pas le cœur à l’ouvrage, je te le dis.

— Dame, après un coup pareil… Pauvre Ruby tout de même.

Liliane, qui se démaquillait, eut un geste d’impatience.

— Laisse Ruby là où elle est… J’ai gagné le gros lot, tiens, le jour où je suis allée la chercher celle-là… C’est pas elle qui m’inquiète pour le moment, je t’assure.

L’autre hésita un peu.

— C’est Tonio ?

— Naturellement, fit Liliane, c’est Tonio. Tu parles d’une poisse. J’avais un numéro au Casino, ça marchait bien, très bien. J’allais avoir le bel engagement. Il va falloir tout recommencer ; encore heureux si je trouve une partenaire. Ça ne court pas les rues les filles qui savent danser et qui ont