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Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/97

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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Comme vous voudrez. Faudra pourtant bien vous y montrer.

— Demain. Ce soir, je rentre.

— Vous n’avez pas peur ?

— Peur de quoi ?

— J’sais pas. Une rue où qu’il y a du sang, c’est pas bon.

— Vieille folle. La rue est surveillée.

— Ça vaut pas mieux

Liliane était prête. Elle sortit du « Chantilly », s’engagea dans les rues désertes. Il était deux heures du matin. Elle ne rencontra personne, si ce n’est au moment de rentrer chez elle, deux agents qui, résignés, se promenaient de long en large devant l’hôtel Minerva. Quand ils la croisèrent, ils la dévisagèrent. Ils ne dirent rien, mais sous la pèlerine l’un d’eux toucha du coude son camarade et eut un geste de tête pour lui témoigner qu’il l’avait reconnue.

Liliane ne vit pas cette mimique. Elle monta dans sa chambre, puis, avant d’ôter son manteau, elle se dirigea vers la fenêtre demeurée ouverte. Elle n’avait pas allumé l’électricité.

Elle se pencha sur la rue

Les deux agents s’éloignaient. Leurs pas lents martelaient le pavé. Ils finirent par disparaître au coin de la rue.

Alors, de l’ombre que projetait une encoignure de mur, un homme sortit. Il avait attendu le dé-