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Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/169

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cette fatale conséquence qu’elle se retournerait contre ceux qui l’emploieraient. De l’adversaire contaminé, à la suite de l’avance dans un pays infecté, la maladie passerait, par les prisonniers, aux soldats et à la nation victorieuse. Il faudrait, pour l’en préserver, la connaissance préalable, demeurée secrète, d’une méthode de vaccination contre la maladie qu’on répandrait. Quel que soit le génie et la méchanceté des hommes la solution de tels problèmes offre des difficultés si grandes que cette méchanceté même et ce génie y trouveront toujours une barrière.

Ne concluons pas que la guerre microbienne est impossible. Elle pourrait, dans des conditions déterminées, créer peut-être quelques foyers épidémiques, mais qui seront vite arrêtés. La besogne serait plus mal aisée en cas de transmission aux animaux de certaines maladies contagieuses et il en pourrait résulter de sérieux dommages pour le ravitaillement. Peut-être l’essai en a-t-il été tenté pendant la dernière guerre ? Mais, en somme, à côté des effets de l’artillerie, des gaz que cette œuvre serait peu de choses ! Si ceux auxquels il faudrait bien s’adresser, les savants, méconnaissaient leur devoir au point de songer à faire d’une science humanitaire une arme contre les hommes, le sen-