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Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/47

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La pire, la plus commune des erreurs est de prêter notre intelligence aux causes, aux fins, aux incohérences, au chaos des actes de la nature.

Il y a trois siècles, un esprit méditatif, Daniel Huet, l’évêque d’Avranches écrivait que l’intelligence de Dieu n’avait rien à voir avec celle des hommes. Peu de pensées sont aussi justes, que nous entendions par Dieu le créateur de la nature ou que nous l’identifiions avec la nature elle-même. Au regard de la nature, l’intelligence rationaliste est un phénomène particulier, une singularité, une exception dans la diversité des mécanismes de la cellule nerveuse. Au regard de notre intelligence, la nature est imbécile.

LA NOTION DE SPÉCIFICITÉ DANS LES MALADIES INFECTIEUSES

Pasteur est venu, tel Prométhée, apporter la lumière dans nos ténèbres, l’ordre dans le chaos. Avant lui, on ne savait rien des causes des maladies infectieuses. Ces maladies avaient bien été rapprochées des fermentations et l’on soupçonnait que quelque chose d’animé présidait à la naissance et à l’évolution des deux phénomènes. Maladies et fermentations ont, en effet, ce trait commun de