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Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/69

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Aussi ne nous sommes-nous posé qu’une question. Puisque le pou est, de toute évidence, l’agent de transmission de la récurrente et qu’il n’est pas capable de l’inoculer au moyen de sa piqûre, par quel mécanisme le spirochète passe-t-il du pou à l’homme ? Ce mécanisme, nous allons le voir, ne prouve aucune intelligence, aucune logique de la part de la nature.

Le pou est un être fragile ; ses pattes surtout sont d’une délicatesse extrême. Le moindre choc les brise ; il suffit du frottement d’un vêtement, du grattage. Par la plaie minuscule de la fracture, le sang incolore de l’insecte souille la peau du porteur d’une gouttelette invisible, mais où les spirochètes pullulent. La piqûre du pou cause des démangeaisons. L’homme se gratte. Ses doigts, ses ongles ramassent sur la peau des traces du sang du pou et, avec elles, des spirochètes. Le grattage les inocule au voisinage de la piqûre. Tout aussi bien, les ongles portent le virus qui les souille au niveau des yeux si l’individu se les frotte et, dans les pays comme l’Afrique où les conjonctivites sont fréquentes, sans cesse l’indigène porte ses doigts à ses yeux. La virulence du spirochète est telle qu’il traverse la conjonctive saine.

C’est donc, par suite d’un accident fortuit,