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Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/89

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atteint, identique à celle qu’on relève dans les cas bénins sur notre espèce. La sensibilité du cobaye devenait évidente. Il en résultait cet avantage inappréciable que l’on pouvait conserver le virus du typhus dans les laboratoires en dehors des épidémies par passages successifs de cobaye à cobaye (L’agent pathogène du typhus n’a pas pu encore être cultivé. Nous sommes donc privés de la conservation par culture).

Or, il m’arrivait parfois, dans mes passages de cobaye à cobaye, de noter des insuccès. De temps en temps un cobaye ne montrait pas de fièvre au thermomètre. J’ai d’abord attribué ces échecs à des causes banales : faute de technique, résistance naturelle de l’animal. On a tort de s’arrêter aux explications commodes. Mon mérite fut que je ne m’y arrêtai pas longtemps. L’accident, l’insuccès se montrait avec une fréquence inquiétante. Bien que j’eusse pris la précaution, à chaque passage, d’inoculer au moins deux cobayes, je risquais de perdre un jour le virus.

C’est alors que j’eus l’intuition de ce qui se passait.

Je savais que le typhus exanthématique est une maladie de gravité très variable : Toujours sévère, souvent mortel chez l’européen venu dans