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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/114

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INTERROGATOIRE.

tout ce qu’on me demanderait de renseignements sur la révolution, je pouvais être sûr de ma fortune et du sort le plus brillant ; que si, au contraire, je paraissais réservé et si je m’obstinais à me taire, je n’aurais qu’à m’attendre à tout le poids du courroux de l’impératrice et à ses conséquences les plus cruelles. « Monsieur, lui répondis-je, il ne s’est rien passé dans notre révolution que non-seulement votre cabinet, mais que l’Europe entière ne sache déjà ; excitée par le démembrement de nos plus belles provinces, par l’oppression, par l’insulte exercées envers les habitants, elle fut l’œuvre du désespoir et non pas du calcul. Au dedans, tous nos efforts tendaient à avoir des soldats, des armes et des vivres ; au dehors, je vous demande, à vous-même, pouvions-nous intriguer, entourés que nous étions, et par les provinces, et par les armées des trois puissances qui nous avaient partagés, et qui alors nous faisaient la guerre ? La communication entre la Pologne et le reste de l’univers se trouvait entièrement interceptée. » — « Mais vous ne pourrez pas me nier, reprit Samoilow que la France vous ait secourus en hommes et en argent. Nous le savons ; nous savons que le général Kosciuszko a été à Paris avant sa levée de boucliers. » — « Monsieur, lui dis-je, c’est un vieux proverbe, que l’homme qui se noie, s’ac-