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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/117

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INTERROGATOIRE.

ver son pays. » — Il sourit amèrement. — « Mais, au moins, vous avouerez que votre Kollontay est un grand scélérat. » — « M. Kollontay est un homme d’un grand talent et d’un grand caractère ; je ne vous cacherai cependant pas que, par tempérament porté à des mesures violentes, il était plus fait pour les passions volcaniques des Français que pour le caractère doux et humain des Polonais. » Il me fît encore mille autres questions, et au bout d’une heure me quitta sèchement, en me répétant qu’il était fâché de me voir si obstiné à ne vouloir rien découvrir : « Vous vous en repentirez, » ce fut le dernier mot qu’il prononça.

Cette visite subie, je croyais que je serais quitte de tout autre interrogatoire. Fatigué de lire et de marcher, j’étais tristement assis sur mon lit, lorsque, vers les neuf heures du soir, je vis la porte s’ouvrir doucement, un homme à figure rébarbative, vêtu en robe de peau de mouton, entra, me remit un gros paquet à mon adresse, s’inclina devant moi, et disparut sans, dire un mot. J’ouvris le paquet, c’était une lettre et un gros cahier. La première était de Samoilow, il m’y disait que, m’ayant vu obstiné et réservé dans mon interrogatoire verbal, il espérait que je m’ouvrirais davantage en répondant par écrit aux questions qu’il me transmettait ; qu’une place dans la di-