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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/128

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INTERROGATOIRE.

était trop tard; le seul moment où il pouvait vivre ou mourir en roi était passé.

« Par tout ce que j’ai eu l’honneur de vous dire, M. le comte, vous voyez clairement que le roi de Pologne, coupable envers sa nation, ne l’a jamais été envers là Russie. Les Polonais, instruits par une triste expérience, se défiaient de lui; il n’eut aucune connaissance de l’insurrection qu’on méditait, et dans la suite des événements jamais il ne démentit son caractère. Lorsque le général Madalinski fit sa levée de boucliers, et que le général Kosciuszko proclama l’acte d’insurrection à Cracovie, Stanislas-Auguste, pensant que ces bravades de la démence et de la folie seraient bien vite étouffées par la supériorité des armées russes, déclara les insurgés rebelles à la patrie et proscrivit leurs chefs; mais quand, bientôt après, la garnison et les bourgeois de Varsovie défirent les Russes et les forcèrent à quitter la capitale, se voyant sans aucune protection et craignant l’effervescence du peuple, il se hâta de nouveau de jurer qu’il ne se séparerait jamais de la nation, et présenta M. Zakrzewski, fort aimé des bourgeois, pour être président ou maire de la ville de Varsovie. Mais toutes ces protestations n’en imposèrent à personne; on le traita toujours avec tous les égards, tout le respect possible; on lui communiqua même les principaux résultats