Aller au contenu

Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
ÉLARGISSEMENT.

pris : y a-t-il la moindre probabilité que l’Autriche, et surtout le roi de Prusse, rendent leurs parts ? Dois-je tout seul rendre la mienne, m’affaiblir, tandis qu’ils se sont renforcés ? Impossible. Dois-je tout seul leur faire la guerre pour les y contraindre ? Encore moins. Mon empire n’a que trop besoin de la paix. Vous voyez donc qu’il faut vous soumettre aux circonstances, et rester tranquille. » Le maréchal Potocki, touché de tant de franchise et de bonté, le lui promit sincèrement.

Dès ce moment, en ville, à la cour, il n’était question que de la faveur extraordinaire dont jouissaient les prisonniers polonais, et comment le souverain omnipotent, qui n’allait jamais voir les premiers seigneurs de son empire , s’était abaissé jusqu’à visiter des rebelles ! Les Russes en étaient inquiets, les traîtres polonais tremblaient de tous leurs membres ; ces derniers mirent en campagne leurs femelles pour cabaler et calomnier. Mais George Wielhorski, créé nouvellement maréchal de cour, esprit fin et délié, le même qui, dès l’année 1791, déserta sa patrie et entra dans tous les complots formés contre elle, Wielhorski, dis-je les servit plus adroitement. Beaucoup plus jaloux du peu de gloire que nos tentatives pour sauver la Pologne et nos malheurs mêmes faisaient rejaillir sur nous, qu’effrayé des distinctions qu’on nous