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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/212

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ÉLARGISSEMENT.

« qui, comme vous savez, ne sont que trop délabrées. » — « Eh ! me répondit-il, n’ai-je pas à présent plus qu’il ne nous faut à tous deux ! » — « Il me serait pénible, lui dis-je, de vous être à. charge. Je veux aller auparavant ramasser les débris de mon petit patrimoine. » — « Je pars dans huit jours, me dit-il, voyez l’état où je suis ; voyez si je puis aller seul ; si je n’ai pas besoin d’un ami qui me donne des soins. Pouvez-vous m’abandonner ? » Et il se mit à pleurer. « C’en est assez, m’écria-je ; non, je ne vous abandonnerai pas ; j’irai avec vous. » Il m’embrassa avec transport. C’est ainsi que le même jour où je vis rompre les chaînes dont m’avaient accablé mes ennemis, l’amitié m’en imposa de nouvelles.

Le soir, Wawrzecki, Zakrzewski, Mostowski et moi, nous nous rendîmes chez le procureur général, Samoilow, pour subir la triste cérémonie du serment. Malgré nos remontrances que depuis les partages, plusieurs d’entre nous étaient sujets de la Prusse et de l’Autriche, on nous signifia très-sérieusement qu’il m’y avait qu’à obéir. La formule de ce serment était terrible. Nous jurions, non-seulement fidélité et obéissance à l’empereur, mais nous promettions de verser notre sang pour sa gloire ; nous nous engagions à révéler tout ce que nous pourrions jamais apprendre de dangereux pour sa personne ou son empire ; nous déclarions enfin