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ÉLARGISSEMENT.

rains, j’étais avec mes amis et compagnons d’infortune. Je leur fis mes adieux. Mon cœur me disait qu’ils seraient éternels. Nous répandîmes bien des larmes. Nous quittâmes enfin Pétersbourg le lendemain matin, lundi 19 décembre 1796.

POST-SCRIPTUM.

J’ai écrit ces notes trois ans et demi après mon élargissement. L’enjouement, cette disposition à la gaieté, qui faisait autrefois le fond de mon caractère, s’y fait entrevoir, même quand je raconte mes malheurs. Leur souvenir cependant ne m’en est pas moins terrible, et ils m’ont laissé une impression que rien ne saura effacer. Après avoir servi ma patrie avec zèle, après avoir tant souffert pour elle, je la vois déchirée et anéantie. Après tant de revers, de souffrances et de trahisons, indifférent à tout, je ne désire que la tranquillité. Ma carrière ne saurait plus être longue ; peu importe dans quel coin de la terre mes cendres trouveront une sépulture.

Fini, le 10 mai 1800, à Élisabeth Town, New-Jersey, États-Unis d’Amérique.