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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/34

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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

pluie cessa un peu, l’armée chargea ses armes à neuf. Le général Kaminski, mon ami et camarade de collège, arriva au quartier général ; nous nous promenions dans la cour, en nous entretenant de la journée du lendemain et en mêlant à tout cela des souvenirs des beaux jours de notre jeunesse, quand, au milieu de cette conversation, nous vîmes dans les airs une nuée de corbeaux volant à notre droite. « Vous rappelez-vous votre Tite-Live ? me dit-il : ces corbeaux sont à notre droite, c’est un mauvais augure. — Il le serait pour des Romains, lui dis-je, mais non pas pour nous. Vous verrez que quoique cela paraisse difficile, nous battrons les Moscovites. — Je le crois aussi, » me répondit-il.

Le jour du 9 octobre était aussi beau que les précédents pluvieux. De grand matin, le colonel Krzycki amena les deux régiments détachés du camp de Varsovie. Ses soldats, excédés de faim et de fatigue, étaient de mauvaise humeur ; mais les exhortations des officiers et quelques verres d’eau-de-vie les eurent bientôt remis en gaîeté. Nous n’avions aucune nouvelle de Poninski, et vers les neuf heures du matin, toute notre petite armée se montant à peu près à cinq mille huit cents hommes, avec vingt et une bouches à feu, se mit en marche. À quatre heures de l’après-midi, nous sortîmes du grand bois et nous appro-