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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/51

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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

heureux dans mon malheur d’avoir un tel ami, » me répondit-il les larmes aux yeux. Bientôt je me convainquis avec joie qu’il n’était pas aussi dangereusement blessé que je l’avais cru. L’arrivée des officiers russes ne nous permit pas de nous entretenir davantage en particulier ; et, si la joie de la victoire, les embarras et les arrangements à la suite du combat, n’avaient pas permis à nos ennemis de s’occuper beaucoup de nous le jour précédent, dès ce matin même ils y songèrent très-sérieusement. On désigna des officiers et des soldats qui durent nous garder, nous suivre, ne nous perdre jamais de vue. Nous eûmes pour surveillants : le général Kosciuszko, le major Iwan Petrowicz Titow ; moi, le capitaine Zmiewski ; Fischer, aide de camp du général, le lieutenant Karpen ; on y ajouta encore le lieutenant Mitrowski et trois vieux grenadiers. L’instruction de ces anges gardiens était d’épier toutes nos actions et toutes nos paroles, de nous empêcher de communiquer ensemble, de dresser tous les jours un rapport sur ce qu’ils auraient vu, entendu ou observé dans la journée.

Sur les dix heures, nous eûmes la premiẻre visite du général en chef Fersen, il dit à Kosciuszko : « Je plains votre état, mais tel est le sort de notre métier de soldat » Comme il ne parlait que russe et allemand, je servis d’interprète ; la con-