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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/55

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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

Kosciuszko était accompagnée de quatre mille ducats en or, d’une boite et de trois montres ; il en garda la moitié et donna l’autre à nos officiers et soldats prisonniers.

Nos bagages arrivés, on nomma un comité d’offîciers pour les visiter. On ouvrit toutes les malles, portemanteaux, et on vida leur contenu sur le plancher ; là, chaque pièce fut déployée, tournée et retournée pour voir s’il n’y avait pas quelques instruments, poisons ou lettres cachés. L’insigne bêtise de mon pauvre François leur fournit bientôt une ample provision de ce qu’ils cherchaient. Ce pauvre garçon, en faisant ma malle, au lieu de la remplir de linge, habits et autres effets nécessaires, y fourra toutes les brochures et écrits que j’avais publiés dans les dernières années. On peut s’imaginer que ces productions n’épargnaient guère ni l’impératrice, ni les Russes. Il y avait dans le nombre une Élégie sur le second partage de la Pologne, une Épître aux traîtres ; une autre d’un prétendu officier russe, un Plan de la constitution de Targowica, un fragment de la Bible de Szczesny[1]. Ces deux

  1. Szczesny veut dire en polonais Félix. La brochure en question était dirigée contre Félix Potocki, un des chefs de la confédération de Targowica, qui avait paralysé la défense nationale en 1792.