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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/76

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ITINÉRAIRE DES CAPTIFS

toyens qui, sans être connus, ont aidé la cause commune de leurs soins et de leur fortune, croyez que la menace de la mort même ne me forcerait pas à trahir leurs noms. » — « Je vous plains, Monsieur. » — « Vous êtes mille fois trop bonne, Madame. » C’est ainsi que finit cette conversation et cette visite. J’ai oublié de dire qu’en allant tête à tête avec Titow au château, il me dit : « Diable ! je ne croyais jamais qu’on vous enverrait dans un si bon endroit. » Il ne voulut pas s’expliquer davantage, et moi et Fischer de conjecturer que ce serait à Nowgorod, Casan, Astracan, en un mot, dans quelque grande ville de l’empire, l’usage où l’on était de n’envoyer jamais les prisonniers à Pétersbourg nous empêchant de songer une seule fois à cette capitale.

Nous devions partir le lendemain à la pointe du jour ; le reste de la soirée se passa à faire nos paquets et nos préparatifs. Le lendemain, on nous éveilla avant le jour ; il tomba de la neige et fit un froid que nous n’avions pas encore éprouvé dans cette saison. Les généraux Sierakowski, mon compagnon de collège Kaminsky, Kniaziewicz, le brigadier Kopec et plusieurs autres officiers vinrent nous faire leurs derniers adieux. Quel moment ! quelle séparation ! Nos cœurs semblaient nous présager que nous ne devions jamais nous

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