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Page:Nietzsche - Aurore.djvu/185

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AURORE

les grandes et dans les petites choses, les opinions de Richard Wagner ? quelle que soit la vérité de la réflexion que fit un jour quelqu’un : lorsqu’il prétendit que partout où Wagner donne et prend une impulsion il y a un problème de caché, — il suffit, car il ne le tire pas à la lumière. — Et enfin combien y en aurait-il qui aimeraient, de tout cœur, être d’accord avec Bismarck, à condition qu’il fût d’accord avec lui-même ou qu’il prît du moins des airs de l’être dorénavant ! Il est vrai que d’être sans principes, mais d’avoir des instincts dominants, esprit mobile, au service de violents instincts dominants et pour cela sans principes, — cela ne devrait pas être, chez un homme d’État, quelque chose de surprenant mais être plutôt considéré comme juste et conforme à la nature. Hélas ! ce fut jusqu’à présent si peu allemand ! De même que le bruit autour de la musique, la dissonance et la mauvaise humeur à cause du musicien ! De même que la position nouvelle et extraordinaire que choisit Schopenhauer : il ne se sentit ni au-dessus des choses ni à genoux devant elles — dans les deux cas cela eût encore été allemand, — mais il agit contre les choses ! Incroyable et désagréable ! Se placer sur le même rang que les choses et être quand même leur adversaire et, en fin de compte, l’adversaire de soi-même ! — que doit faire l’admirateur absolu avec un pareil modèle ? Et que doit-il faire encore de trois de ces modèles qui n’ont même pas le désir d’être en paix entre eux ! Voici Schopenhauer adversaire de la musique de Wagner et Wagner adversaire de la politique de Bismarck et Bismarck adversaire de tout