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Page:Nietzsche - Aurore.djvu/265

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AURORE

mon compte quoiqu’il sache maintenant la vérité et qu’il pourrait la dire. Mais elle sonnerait comme de la vengeance — et il estime si haut la vérité, cet homme estimable ! »

260.

Amulette des hommes dépendants. — Celui qui dépend inévitablement d’un maître doit posséder quelque chose qui inspire la crainte et tient le maître en bride, par exemple la probité, ou la franchise, ou bien une mauvaise langue.

261.

Pourquoi si sublime ! — Hélas, vous connaissez cette gent animale ! Il est vrai qu’elle se plaît mieux à elle-même lorsqu’elle s’avance sur deux jambes « comme un Dieu », — mais quand elle est retombée sur ses quatre pattes, c’est à moi qu’elle plaît mieux : cela lui est si incomparablement plus naturel !

262.

Le démon de la puissance. — Ce n’est pas le besoin, ce n’est pas le désir — non, c’est l’amour de la puissance qui est le démon des hommes. Qu’on leur donne tout, la santé, la nourriture, le logement, l’entretien, — ils demeureront malheureux et capricieux, car le démon attend et attend toujours, il veut être satisfait. Qu’on leur prenne tout et qu’on satisfasse le démon et ils seront presque heureux,