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Page:Nietzsche - Aurore.djvu/350

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AURORE

un troisième par habitude ; jamais ils ne se disent : « Connais ou tu périras ! » Tant que les vérités ne s’inscrivent pas dans notre chair à coups de couteau, nous gardons vis-à-vis d’elles, à part nous, une certaine réserve qui ressemble à du mépris : elles nous apparaissent encore trop semblables à des « rêves emplumés », comme si nous pouvions les atteindre ou ne pas les atteindre, selon notre gré, — comme si nous pouvions nous réveiller de ces vérités ainsi que d’un rêve !

461.

Hic Rhodus, hic salta. — Notre musique qui peut prendre toutes les formes et qui doit se transformer, parce que, pareille au démon de la mer, en soi elle n’a point de caractère propre : cette musique a hanté jadis l’esprit du savant chrétien, traduisant en harmonies l’idéal de celui-ci : pourquoi ne trouverait-elle pas enfin ces harmonies plus claires, plus joyeuses, plus universelles qui correspondent au penseur idéal ? — une musique qui saurait enfin se bercer familièrement sous les vastes voûtes flottantes de son âme ? — Notre musique fut jusqu’à présent si grande, si bonne : chez elle nulle chose n’était impossible. Qu’elle montre donc qu’il est possible de sentir, en même temps, ces trois choses : la grandeur, la lumière profonde et chaude, et la joie de la logique la plus haute !

462.

Cures lentes. — Les maladies chroniques du