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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (1ère partie).djvu/268

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HUMAIN, TROP HUMAIN


a bien vu grandir les hommes les plus féconds, les plus puissants : comment cela pourrait-il se faire à l’état normal ? — Aujourd’hui l’on va bientôt regarder de plus près même ces cas-là, les examiner plus soigneusement : on n’y découvrira jamais des miracles. Dans des conditions égales, nombre d’hommes périssent continuellement, l’unique individu sauvé en est devenu d’ordinaire plus fort, parce qu’il a supporté ces circonstances fâcheuses grâce à une force innée indestructible et y a encore trouvé pour cette force exercice et accroissement : ainsi s’explique le miracle. Une éducation qui ne croit plus au miracle aura à prendre garde à trois choses : premièrement combien d’énergie est héritée ? deuxièmement, par où peut encore être allumée une nouvelle énergie ? troisièmement, comment l’individu peut-il être approprié à ces exigences si multiples de la culture, sans qu’elles se troublent et dissolvent son unité ? — bref, comment l’individu peut-il être initié au contrepoint de la culture privée et publique, comment peut-il à la fois suivre la mélodie et, comme mélodie, lui donner un accompagnement ?

243.

L’avenir du médecin. — Il n’y a point aujourd’hui de profession qui donne lieu à un progrès aussi haut que celle du médecin ; notamment depuis que les mé-