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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (1ère partie).djvu/407

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HUMAIN, TROP HUMAIN

plus bruyant que jamais : mais bientôt éclatera avec non moins de force le cri opposé : « Le moins d’État possible. »

474.

Le développement de l’esprit, sujet de crainte pour l’État. — — La cité grecque (polis) était, comme toute puissance politique organisatrice, exclusive et défiante envers l’accroissement de la culture ; son instinct foncier de violence ne montrait presque à son égard que gêne et qu’entraves. Elle ne voulait admettre dans la culture ni histoire, ni progrès : l’éducation établie dans la constitution devait obliger toutes les générations et les maintenir à un niveau unique. Tout comme Platon le voulait encore pour son État idéal. C’est donc en dépit de la Polis que la culture se développait : il est vrai qu’indirectement et malgré elle, elle lui prêtait une aide, l’ambition de chaqueparticulier étant, dans la Polis, excitée au plus haut point, en sorte qu’une fois engagé dans la voie du progrès intellectuel, il poussait, là aussi, jusqu’à la dernière limite. On ne doit pas répliquer en se rapportant au panégyrique de Périclès : car ce n’est qu’un grand trompe-l’œil optimiste sur la soi-disant union nécessaire entre la Polis et la culture athénienne ; Thucydide le fait briller une fois encore, immédiatement avant que la nuit envahisse Athènes (la peste et la rupture de la tradition), tel un lumineux crépuscule,