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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (1ère partie).djvu/411

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HUMAIN, TROP HUMAIN

âge montre dans l’Église une institution qui se propose une fin universelle, embrassant l’humanité dans son ensemble, et de plus une fin nécessaire à l’intérêt — soi-disant — suprême de l’humanité : considérées en regard, les fins des États et des nations que montre l’histoire moderne donnent une impression d’étroitesse ; elles apparaissent mesquines, basses, matérielles, bornées dans l’espace. Mais cette impression différente sur l’imagination ne doit pas enfin déterminer notre jugement ; car cette institution universelle répondait à des besoins artificiels, reposant sur des fictions, qu’il lui fallait d’abord faire naître là où ils n’existaient pas (besoin de rédemption) ; les institutions nouvelles portent remède à des nécessités réelles ; et le temps viendra où naîtront des institutions destinées à servir les véritables besoins communs de tous les hommes, à rejeter dans l’ombre et dans l’oubli l’idéal de fantaisie, l’Église catholique.

477.

La guerre indispensable. — C’est une vaine idée d’utopistes et de belles âmes que d’attendre beaucoup encore (ou même : beaucoup seulement alors) de l’humanité, quand elle aura désappris de faire la guerre. En attendant, nous ne connaissons pas d’autre moyen qui puisse rendre aux peuples fatigués cette rude énergie du champ de bataille, cette profonde haine impersonnelle, ce sang-froid dans