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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (1ère partie).djvu/442

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HUMAIN, TROP HUMAIN

et sont charbonnés comme ceux-là, qu’ils deviennent utilisables. Tant qu’ils brûlent et fument, ils sont peut-être plus intéressants, mais inutiles et trop souvent incommodes. — L’humanité emploie sans compter tous les individus comme combustible pour chauffer ses grandes machines : mais pourquoi donc les machines, si tous les individus (c’est-à-dire l’humanité) ne sont bons qu’à les entretenir ? Des machines qui sont leur fin à elle-mêmes, est-ce là l’umana commedia ?

586.

De la petite aiguille de la vie. — La vie se compose de rares moments isolés d’une extrême importance et d’intervalles en nombre infini, dans lesquels c’est tout au plus si les ombres de ces moments planent autour de nous. L’amour, le printemps, toute belle mélodie, la montagne, la lune, la mer — tout ne parle qu’une fois entièrement au cœur : si même il arrive qu’ils prennent la parole tout à fait. Car beaucoup de gens n’ont pas même ces moments et sont eux-mêmes des intervalles et des pauses dans la symphonie de la vie réelle.

587.

Assaillir ou envahir. — Nous commettons souvent la faute de traiter en ennemi une tendance ou un parti ou une époque, parce que nous n’arrivons