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Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/167

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au dernier sommet de sa grandeur que lorsqu’il sait considérer, à ses pieds, sa propre personnalité et son propre art — lorsqu’il sait rire de lui-même. Le Parsifal de Wagner est-il le sourire caché du maître, ce sourire de supériorité qui se moque de lui-même, le triomphe de sa dernière, de sa suprême liberté d’artiste, de son au-delà d’artiste ? On pourrait, je le répète encore, le souhaiter : car que serait Parsifal pris au sérieux ? Est-il vraiment nécessaire de voir en lui (pour employer une expression dont on s’est servi en ma présence) « le produit d’une haine féroce contre la science, l’esprit et la sensualité » ? Un anathème contre les sens et l’esprit concentré dans un même souffle de haine ? Une apostasie et une volte-face vers l’idéal d’un christianisme maladif et obscurantiste ? Et enfin une négation de soi, un effacement de soi de la part d’un artiste qui, jusqu’alors, de toute la puissance de sa volonté, avait travaillé à la tâche contraire, savoir à la spiritualisation et à la sensualisation suprême de son art ? Et non pas seulement de son art ; mais aussi de sa vie ? Qu’on se rappelle avec quel enthousiasme Wagner a marché jadis sur les traces du philosophe Feuerbach. Le mot de Feuerbach « la saine sensualité » retentit