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Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/200

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d’étonnant si nous nous heurtons ici à un terrible adversaire de cet idéal ? si nous nous heurtons à quelqu’un qui lutte pour son existence contre les négateurs de son idéal ?… D’autre part il n’est guère vraisemblable, de prime abord, qu’une position aussi intéressée vis-à-vis de notre problème lui soit particulièrement utile ; le prêtre ascétique ne sera peut-être pas l’homme vraiment désigné pour défendre son idéal, pour la même raison que la femme échoue toujours dans sa tentative lorsqu’elle veut défendre « la femme », — moins encore sera-t-il bon juge et appréciateur objectif de la controverse soulevée ici. Il nous faudra donc, selon toute vraisemblance, l’aider à se bien défendre contre nous, plutôt que d’avoir à craindre d’être accablé par lui… Ce pour quoi l’on combat ici c’est la façon dont les prêtres ascétiques apprécient notre vie : cette vie (avec tout ce qui s’y rattache, « la nature », « le monde », la sphère entière du devenir et du transitoire) est mis en rapport par eux avec une existence toute différente qui est en contradiction avec elle et qui l’exclut, à moins qu’elle ne se tourne contre elle-même, qu’elle ne se renie : dans ce cas, le cas d’une vie ascétique, cette vie sert de passage à cette autre existence. Pour l’ascète, la vie est le