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Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/213

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« belles âmes » et lancer sur le marché, drapée dans de la poésie et d’autres fioritures, leur sensualité estropiée, décorée du nom de « pureté du cœur » ! c’est l’espèce des onanistes moraux qui se satisfont d’eux-mêmes. Le désir des malades de représenter la supériorité sous une forme quelconque, leur instinct à découvrir des voies détournées conduisant à la tyrannie sur les hommes bien portants — où ne la trouve-t-on pas cette aspiration des faibles, justement des plus faibles, vers la puissance ? En particulier la femme malade : nul être ne la surpasse en raffinement, lorsqu’elle veut dominer, oppresser, tyranniser. Pour arriver à son but la femme malade n’épargne ni les vivants ni les morts, elle déterre ce qui est le plus profondément enterré (les Bogos disent : « la femme est une hyène »). Qu’on jette un regard sur ce qui se passe dans le secret de toutes les familles, de toutes les corporations et communautés : partout la lutte des malades contre les bien portants, — une lutte secrète, dans la plupart des cas, une lutte au moyen de petites poudres empoisonnées, de coups d’épingles, de mines sournoisement résignées, parfois aussi à l’aide de ce pharisaïsme morbide des attitudes tapageuses qui joue volontiers « la noble indignation ». Jusque dans le domaine