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Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/278

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« Histoire du nihilisme européen » ; je renvoie pour cela à une œuvre que je prépare : La Volonté de Puissance. Essai d’une transmutation de toutes les valeurs. Pour le moment il me suffira d’avoir indiqué ceci : l’idéal ascétique, même dans les plus hautes sphères de l’intelligence, n’a pour l’instant qu’une seule espèce d’ennemis vraiment nuisibles : ce sont les comédiens de cet idéal — car ils éveillent la défiance. Partout ailleurs, dès que l’esprit est à l’œuvre avec sérieux, énergie et probité, il se passe absolument d’idéal, — l’expression populaire de cette abstinence est « athéisme » — : à cela près qu’il veut la vérité. Mais cette volonté, ce reste d’idéal est, si l’on veut m’en croire, cet idéal ascétique même sous sa forme la plus sévère, la plus spiritualisée, la plus purement ésotérique, la plus dépouillée de toute enveloppe extérieure ; elle est par conséquent, moins un reste que le noyau solide de cet idéal. L’athéisme absolu, loyal (— et c’est dans son atmosphère seulement que nous respirons à l’aise, nous autres esprits spirituels de ce temps ! ) n’est donc pas en opposition avec cet idéal, comme il semble au premier abord ; il est au contraire une phase dernière de son évolution, une de ses formes finales, une de ses conséquences