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Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/90

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d’une désignation ? Ceci n’offre pas l’ombre d’un doute : l’homme souverain l’appelle sa conscience

3.

Sa conscience ?… On devinera dès l’abord que l’idée de « conscience » que nous rencontrons ici dans un développement supérieur jusqu’à l’étrangeté a derrière elle une longue histoire, l’évolution de ses formes. Pouvoir répondre de soi et répondre avec orgueil, donc aussi pouvoir s’approuver soi-même — c’est là, je l’ai dit, un fruit mûr, mais aussi un fruit tardif : — combien longtemps ce fruit a dû rester, âpre et acide, suspendu à l’arbre ! Et pendant un temps plus long encore on ne voyait rien de ce fruit, — personne n’aurait pu présager sa venue, quoique tout dans l’arbre y fût préparé, quoique l’arbre lui-même n’eût d’autre raison que de croître en vue de ce fruit ! — « Comment à l’homme animal faire une mémoire ? Comment sur cette intelligence du moment, à la fois obtuse et trouble, sur cette incarnation de l’oubli, imprime-t-on quelque chose assez nettement pour que l’idée en demeure présente ? »… Ce problème très ancien, comme bien l’on pense, n’a pas été résolu par des