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Page:Nietzsche - Par delà le bien et le mal.djvu/312

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PAR DELÀ LE BIEN ET LE MAL

traire, rien n’est aussi répugnant, chez les êtres soi-disant cultivés, chez les sectateurs des « idées modernes », que leur manque de pudeur, leur insolence familière de l’œil et de la main qui les porte à toucher à tout, à goûter de tout et tâter de tout ; et il se peut qu’aujourd’hui dans le peuple, surtout chez les paysans, il y ait plus de noblesse relative du goût, plus de sentiment de respect, que dans ce demi-monde particulier des esprits qui lisent les journaux, chez les gens cultivés.

264.

On ne peut effacer dans l’âme d’un homme l’empreinte de ce que ses ancêtre ont fait avec le plus de prédilection et de constance : soit qu’ils aient été, par exemple gens d’épargne, bureaucrates ou caissiers, modeste et bourgeois dans leur désirs, modeste aussi dans leur vertus ; soit qu’ils aient vécu dans l’habitude du commandement adonnés à des plaisirs grossiers et, à côté de cela, peut-être à des responsabilités et à des devoirs plus grossiers encore ; soit qu’enfin il leur soit arrivé de sacrifier d’antiques privilèges de naissance ou de fortune pour vivre entièrement selon leur foi (selon leur « Dieu »), comme des hommes d’une conscience inflexible et tendre, rougissant de toute compromission. Il est impossible qu’un homme n’ait pas dans le sang les qualités et les prédilections de ses parents et de ses ancêtres, quoique les apparences puissent puis-