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de pénétration de l’amour, d’esprit contemplatif et de fine gaillardise que Wagner verse comme un breuvage délicieux et vermeil à tous ceux qui ont profondément souffert de la vie et qui se retournent vers lui avec le sourire plein de gratitude des convalescents. Et tandis que lui-même il se sentait ainsi plus apaisé en regardant le monde, que la colère et le dégoût s’emparaient de lui plus rarement, qu’il renonçait à la puissance avec amour et tristesse plutôt qu’avec effroi, tandis qu’avançant sa grande œuvre en silence, il ajoutait chaque jour des partitions nouvelles aux partitions déjà terminées, il se passa quelque chose qui lui fit prêter l’oreille : les amis vinrent, lui annonçant un mouvement souterrain dans un grand nombre d’âmes. Ce n’était pas encore le „peuple“ qui s’agitait et s’annonçait ici, mais peut-être le germe, la première étincelle de vie d’une société vrai-