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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/132

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l'ardent désir de distraction. Combien chaque effet produit devait manquer ici de sens et de profondeur, à quel point il s’agissait réellement de satisfaire l’avidité d’un insatiable plutôt que de nourrir un affamé, c’est ce qu’il pouvait conclure d’un fait qui se répétait régulièrement : partout, même parmi ceux qui exécutaient ou récitaient ses compositions, ces dernières étaient traitées comme toute autre musique de théâtre d’après les formules vulgaires et traditionnelles du style d’opéra ; grâce aux chefs d’orchestre cultivés, et à l’aide de coupures et de retranchements arbitraires, on faisait de ses œuvres des opéras tels que les chanteurs croyaient pouvoir les aborder après en avoir soigneusement extirpé l’essence ; et même lorsque l’on voulait faire les choses au mieux on suivait les instructions de Wagner avec une maladresse et une pruderie pleines de crainte, à-peu-près comme si l’on voulait