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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/141

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De l'une de ces sphères disparates il n’est pas possible de voir ce qui se passe dans l’autre ; tant qu’on est dans la région du poète, on pense avec lui comme un être ne pouvant que sentir, voir et entendre ; les conclusions que l’on tire sont l’enchaînement des faits que l’on voit, ainsi des causalités de fait, et non logiques.

Lorsque les héros et les dieux de drames mythiques tels que Wagner les compose doivent se rendre intelligibles par des paroles, il y a tout à craindre que ce langage parlé ne réveille en nous l’homme théorique et ne nous fasse passer dans une autre sphère non-mythique ; si bien qu’au moyen de la parole nous n’aurions pas mieux compris ce qui se passait devant nous, mais que nous n’aurions rien compris. C’est pour cela que Wagner fît rétrograder la langue jusqu’à une phase primitive où elle ne pense pas encore en notions, où elle n’est encore elle-même que