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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/156

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tâche si pleine de contradiction de faire parler le pathos avec les seules ressources de l’éthos. Mais cette supposition ne suffirait pas à expliquer les dernières et les plus considérables des compositions de Beethoven. Il trouva réellement un nouveau moyen pour décrire la grande courbe d’une passion ; il choisit dans l’ensemble de la course de celle-ci certains points isolés et les indiqua ensuite avec la plus minutieuse précision afin qu’ils pussent servir à l’auditeur de points de repère pour deviner la direction générale de la ligne. À première vue, cette nouvelle forme faisait l’effet d’un assemblage de plusieurs pièces de musique dont chacune, prise isolément, représentait, en apparence, un état de l’âme constant, en réalité, un moment passager dans le cours dramatique de la passion. L’auditeur pouvait se figurer qu’il entendait l’ancienne musique n’exprimant que des états de l’âme, avec la seule différence