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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/168

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les volontés les plus antipathiques ; il n’y a plus un seul musicien de talent qui ne l’écoute intérieurement et ne le trouve plus digne d’être écouté que lui-même et le reste de la musique. Il y en a quelques-uns qui veulent à tout prix signifier quelque chose par eux-mêmes ; ils luttent réellement contre ce charme intérieur qui les entraîne, ils se retranchent avec une prudente préméditation dans le camp des anciens maîtres et préfèrent appuyer leur „indépendance“ sur Schubert ou sur Händel, que sur Wagner. C’est en vain ! En combattant contre leur meilleure conviction, ils s’amoindrissent et se rapetissent eux-mêmes comme artistes ; ils souillent leur caractère en étant forcés de supporter de mauvais alliés et de mauvais amis ; et au bout de tous ces sacrifices il leur arrive pourtant, ne fût-ce que dans un rêve, que leur oreille se tourne vers Wagner. Ces adversaires sont à plaindre ; ils croient