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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/197

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lité, blessant par amour ce qu’il aime le plus, il est envahi par les ombres et les nuages du crime, mais s’en dégage à la fin resplendissant comme le soleil, et disparaît et meurt, allumant dans le ciel un immense incendie de lumière et purifiant le monde de la malédiction, — le Dieu voit tout cela, lui dont la lance souveraine s’est brisée dans sa lutte avec le plus libre des hommes, et qui a perdu sa puissance en face de lui ; il le voit, plein de joie sur sa propre défaite, plein de sympathie pour le triomphe et la souffrance de son vainqueur ; son regard embrasse les derniers évènements avec un bonheur douloureux ; il est devenu libre par l’amour, délivré de lui-même.

Et maintenant, demandez vous-mêmes, vous, générations qui vivez aujourd’hui ! Ceci fut-il chanté pour vous ? Vous sentez-vous le courage d’étendre la main vers les étoiles de ce firmament de beauté et