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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/90

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plus récente, jamais ceux qui les ont reçus n’ont été tout-à-fait dignes de ses dons. C’est par là qu’elle se révèle comme la nature prédestinée par laquelle la musique parle au monde des apparitions, comme la chose la plus incompréhensible sous le soleil, comme un abîme dans lequel se réunissent la force et la bonté, comme un pont jeté entre le soi et le non-soi. Qui d’entre nous pourrait désigner clairement le but pour lequel elle est là, lors même qu’il verrait quelque conformité au but dans la manière dont elle se développe ? Mais le plus doux des pressentiments nous encourage à demander : serait-il donc vrai que ce qu’il y a de plus grand fût là en vue du moindre, le plus grand talent en faveur des plus petits, la vertu et la sainteté la plus haute pour l’amour des faibles ? La vraie musique dut-elle retentir parce que les hommes la méritaient le moins, mais en avaient le plus besoin ?