Aller au contenu

Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
LA DOMINATION

effrayent point ; ils ont le passé dont ils sont sûrs. On les voit, ruinés ou obligés à d’obscurs maniements d’argent, qui ne perdent pas leur hauteur. L’honneur, l’audace, le courage, ils nous en dispenseraient, ils croient en avoir fait leur métier. Ils nous laissent le nôtre, qui, de toute façon, leur semble bas et pusillanime. Dans ce duel délicat, ils pensent : C’est nous qui tenons le plus fortement l’épée, l’arme aimable et noble, et, quand eux aussi la sauraient tenir, voyez comme leur main est lourde et mal gantée, comme ils ne rient point, comme ils sont sérieux, comme ils n’ont pas de légère insolence, de facile folie à mourir !

» Oui, songeait Antoine Arnault, ils doivent penser cela, ces êtres sans culture, sans amour, sans passion et sans philosophie ! Ils ont cette fierté d’être irritables, de flatter le danger comme un cheval de sang vif, et c’est leur seule ivresse dans la vie morne