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Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/192

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LA DOMINATION

Maintenant, souffrante et couchée à son tour, dans son abattement Donna Marie s’attendrit de voir errer auprès de son lit, avec des pas soigneux et légers, et son jeune parfum vivant, Émilie Tournay, adroite et dévouée. Une fatigue des nerfs, une grande lassitude amollissent la triste comtesse. Elle tourne ses regards vers son petit enfant, et quand le comte revient, elle s’attache à lui avec une lourde et confiante torpeur.

Antoine Arnault : voilà son ennemi véritable. Elle redoute de le voir. Comme il lui a fait du mal !

Chez cette faible Marie, un choc si fort, une si grande dépense d’énergie ont épuisé le sentiment. Elle se plaint de lui à Émilie Tournay, qui ne le défend pas. Elles s’entendent toutes les deux, et cette intimité, cette faiblesse attachent l’une à l’autre les deux femmes, font naître chez Marie exténuée, l’enfantine et sentimentale confiance,