Aller au contenu

Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
LA DOMINATION

par vous éternellement enfanté, moi-même fils de mes filles, j’irai, vivant et glorieux, au bout de l’humaine postérité ! »

Souvent, dans la fraîcheur du matin, quittant sa table de travail, s’appuyant à la fenêtre et goûtant le vent délié, Antoine pensait : « Je suis content. » Mais le contentement serre le cœur de ceux qui ont connu le plaisir…

Au cours de ces trois années, Antoine avait vu passer chez lui beaucoup de visages nouveaux, qui tous l’avaient laissé indifférent ; des hommes, des femmes, et aussi, plusieurs fois, sa belle-sœur Élisabeth, dont il n’eût pu dire comment elle était, tant il n’avait de vision qu’intérieure et sur soi-même ; et elle, furtive, farouche, se réfugiait chez sa sœur, causait longuement et repartait en voyage.

Gérard d’Ancre mourut, Madeleine le pleura. Antoine, que le mystère de la mort emplissait de ténèbres et de pitié,