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Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/33

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LA DOMINATION

Il rougissait de s’entendre prononcer à voix si haute des paroles qu’il jugeait insignifiantes et propres à le rendre ridicule, et, contrarié en même temps qu’amusé, il pensait avec impertinence : « Je parle à un homme de génie, mais je parle à un sourd. »

Quelquefois, Corinne venait s’asseoir auprès de son père et d’Antoine Arnault. Dans ces instants-là, Antoine souhaitait que, par une chance qu’il ne prévoyait pas bien, l’homme admirable l’entretînt du petit livre dont il était si fier, et pour lequel, d’ailleurs, son hôte l’avait complimenté et attiré chez lui. Mais il ne lui en reparlait jamais, et, un jour qu’Antoine avait fait allusion à un épisode qui s’y trouvait conté, il avait surpris le regard du maître distrait et insensible.

Le jeune homme eût aimé attirer l’attention de Corinne et l’éblouir. Que pouvait-il faire pour gagner sa sympathie ? Générale-