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Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/270

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le silence ; enfin, il se rapprocha de Lidivine, à l’appel qu’elle venoit de lui faire.

— Jamais, ma mère, dit-il avec fermeté. J’ai pensé quelquefois à la vocation que je suivrois quand mon temps seroit fini ; j’aurois voulu être prêtre, mais je n’ai pas eu le loisir de devenir savant. Au reste, si le ministère de prêtre est grand, celui de guichetier a des devoirs que j’aime et auxquels je ne veux pas me soustraire. Nicolas a besoin d’un aide, et il sait maintenant que ma compassion pour des peines que j’ai ressenties depuis l’enfance ne m’a jamais détourné de mes obligations. Je vous supplie de me permettre, ma mère, de ne pas sortir de prison. C’est la vie que le Seigneur m’a faite, et je n’y renoncerai pas.

Les prisonniers étoient partis. Nicolas n’avoit plus de motifs pour contraindre l’expression de son excellent naturel.

— Reste ! reste ! crioit-il à Pierre en pleurant à chaudes larmes.

— N’est-il pas vrai qu’à ma place vous auriez fait comme moi ? dit Pierre en se retournant de mon côté.

— Oui, mon ami, si j’en avois eu le courage.

Lidivine et Pierre sont morts au service des prisonniers.