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Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/43

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son cœur, où elle admirera, tous les jours de sa vie, la puissante main de son libérateur, les moyens incogneus aux hommes par lesquels il a brisé les ceps de sa captivité, et l’ordre de sa dispensation providente à faire que toutes choses aient encouru pour sa libération ?… »

J’ai cité ce passage avec intention parmi beaucoup d’autres qui ne sont pas moins remarquables, parce qu’il résume d’avance tout ce qui me reste à dire de la vie d’Hélène Gillet. La destinée de méditation et de prière à laquelle son avocat semble l’appeler ici, c’est la destinée qu’elle s’étoit faite. Il y a lieu de croire qu’elle ne rentra point dans le monde, et peut-être qu’elle ne quitta le couvent des Bernardines qu’après la mort de sœur Françoise du Saint-Esprit. On sait qu’elle finit par se rendre religieuse dans un couvent de Bresse, et qu’elle y étoit morte depuis peu de temps, « avec beaucoup d’édification, » suivant les promesses de sa sainte protectrice, quand le père Bourrée, de l’Oratoire, publia, en 1699, l’Histoire de la mère Jeanne de Saint-Joseph, madame Courcelles de Pourlans, abbesse de Notre-Dame du Tart. On peut supposer, d’après le rapprochement des dates, qu’elle étoit alors pour le moins nonagénaire.

J’ai omis ou plutôt je me suis réservé une circonstance assez extraordinaire pour clore cette longue narration. C’est que les lettres de grâce d’Hélène Gillet furent octroyées dans le conseil de Louis XIII « en faveur de l’heureux mariage de la royne de la Grande-Bretagne, sa très-chère et très-aymée sœur, Henriette-Marie de France, » et, si l’on me permet de rappeler encore une fois les expressions de Charles Fevret, « pendant que le roi et sa cour couloient des jours d’allégresse et de festivité. » Ces jours de festivité, dont l’allégresse fut si propice à l’innocence, étoient consacrés aux cérémonies des noces de Charles Ier, qui concouroient jour pour jour avec l’exécution d’Hélène sur la