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Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/114

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« Ne te désole pas ! Rien en moi ne t’accuse !
Mon dernier souvenir est sans pleurs et sans fiel :
Ne blasphème pas Dieu parce qu’il te refuse
L’éternelle douleur et l’amour éternel.

« N’épuise pas ta force à vouloir rendre vie
À ton amour d’hier qui repose en ce lieu,
Et t’envoie aujourd’hui, sa carrière finie,

Un solennel adieu ! »


À ce mot, qui vibra sous la voûte sonore
Long et désespéré comme un De profundis,
J’abandonnai la pierre où s’appuyaient encore
Mon front brûlant de fièvre et mes poignets roidis,

Et tout tremblant, debout, près de la tombe nue
Dont le profil aigu me faisait froid au cœur :
« Soit ! ai-je répondu, puisque voilà venue

Ma première douleur ;