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Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/210

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Au milieu des sapins, des montagnes chenues,

Sur ce roc élevé qui se perd dans les nues,
Au-dessus des torrents et des sombres ravins
Où gisent par monceaux Français et Sarrasins ;
Aux dernières clartés, sanglantes et voilées,
Du soleil qui se meurt dans le fond des vallées,
Brisé, mais non vaincu, les bras rouges de sang,
Entre ses larges mains serrant son front puissant,
Embrassant d’un regard et la France et l’Espagne,
Voici mourir Roland, neveu de Charlemagne !


Cependant que sur l’herbe verte il s’est pâmé,

Un Sarrasin félon, voyant son œil fermé,
S’approche doucement, puis tout à coup : « Victoire ! »
Dit-il : « Roland n’est plus, et maintenant sa gloire
« Ne vaut pas un bouton ! Et voici Durandal
« Que je vais emporter dans mon pays natal,
« En Arabie !… » Il dit, et vers ce corps immense,
Ce corps du plus vaillant chevalier de la France,
Il tend la main, craintif, le cœur épouvanté
Devant tant de grandeur et d’immobilité.