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Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/76

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Avec son air honnête, et son sourire d’or.
Ils s’aimaient tous les deux comme on savait le faire
Autrefois ; maintenant on ne le sait plus guère ;
Et voyez-vous, enfants — soit dit sans vous blâmer ! —
Je crois que de mon temps on savait mieux aimer.
Enfin, suffit !
Enfin, suffit !J’étais par un soir de décembre
Chez Furet : un bon feu dorait toute la chambre
Sur le linge bien blanc le couvert était mis,
Et nous soupions tous trois comme de vrais amis.
Dehors, le froid était aussi vif qu’en Russie ;
Le sol disparaissait sous la neige durcie
Que la lune argentait, pâle, dans le ciel noir ;
Un vent rapide et sec, coupant comme un rasoir,
Passant sur la forêt de givre toute blanche,
Mettait un sifflement le long de chaque branche,
Et semblait, tournoyant autour de la maison,
Dire : « Restez chez vous et vous aurez raison ! »

Pourtant, bien que le vin fût bon, chaude la flamme,
Le souper cuit à point, Jeanne, la jeune femme,