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Page:Normand - Paravents et Tréteaux, 1882.djvu/148

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Puis le vieux douanier, haussant sa grosse voix
Rude comme un clairon et tremblante à la fois :

« Adieu, monsieur ! » fit-il.
« Adieu, monsieur ! » fit-il.Et sans autre parole
Il sortit, s’enfonçant dans la tempête folle.

Je restai seul avec Gervaise et les petits,
Les yeux gros de terreur, à ses côtés blottis.

Oh ! l’horrible devoir ! l’épouvantable tâche !
Parler, c’était cruel ; me taire, c’était lâche…
J’aurais, en me taisant, prolongé son espoir…
Mais d’un moment à l’autre elle allait tout savoir
Par le premier venu, cruellement, peut-être…
Parler ?… D’un pareil coup ébranler ce pauvre être,
Briser ce pauvre cœur qui battait, éperdu,
À l’appel d’un bonheur si longtemps attendu !…