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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/130

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même partie. C’est à l’expérience à apprendre dans quelle partie on doit prendre ceux de telle ou telle classe ?

« En botanique, la chose est faite. En entomologie, cela est à faire. Les uns ont choisi les tarses ; d’autres, les antennes. Chez quelques-uns les antennes donnent des caractères bien faciles à saisir. Mais chez d’autres ? Qu’ont de commun, par exemple, les scarabés, les mélolonthes et les cétoines ? Les genres Sphæridium et Curculio ? Les antennes ne peuvent donc fournir qu’un caractère secondaire. Et je pense que le caractère vrainent important est celui que donne la mâchoire inférieure. Vient ensuite la lèvre inférieure ; puis la mâchoire supérieure ; enfin les antennes.

« Tous les scarabés qui vivent dans les fientes, ont une même mâchoire inférieure ; mais au moyen des différences que présentent la lèvre inférieure et les mâchoires supérieures, on peut y faire trois coupes. Les scarabés qui vivent de feuilles (melolonthæ) s’éloignent des autres autant par leur mâchoire inférieure que par leur genre de vie. On peut en dire autant des cétoines, qui vivent sur les fleurs.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Je pourrais ainsi vous démontrer l’identité de la mâchoire inférieure dans tous les coléoptères carnassiers (carabus, scarites, elaphrus, cicindela), et vous indiquer en même temps des différences dans la lèvre inférieure, suivant les genres.

« Pour les grandes divisions, la mâchoire inférieure est la partie qui fournit les meilleurs caractères ; je crois vous l’avoir prouvé dans la classification que je vous ai communiquée tout récemment. On pourrait le conclure par des raisonnemens metaphysiques. Toute l’organisation d’un animal est en harmonie nécessaire avec sa manière de vivre. La nourriture et la manière d’aller la chercher, sont des circonstances capitales de la vie animale. Les organes de mastication devront être en rapport avec la nourriture, conséquemment avec tout le genre de vie, et conséquemment avec toute l’organisation. Les organes de mastication doivent donc fournir des caractères naturels pour la distribution des animaux. Q. E. D. Peut-être rirez-vous de moi et direz-vous que je suis devenu aussi pédant qu’un disciple de Wolff ; mais je ne crois pas que vous puissiez faire une objection fondée à ma démonstration.