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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/91

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génie administratif aurait-il trouvé les moyens d’organiser la société religieuse, dont il avait la suprême direction, sur des bases solides, par des réglemens en rapport avec les lumières et la liberté civile et politique dont nous jouissons. S’il était parvenu à résoudre ce problème difficile, il aurait rendu à la France protestante le service le plus signalé qu’elle puisse jamais attendre de ceux qui sont chargés à la fois de ses intérêts, comme société religieuse, et de ceux de l’État.

Je ne m’arrêterai pas davantage à vous démontrer que M. Cuvier n’a pas été moins étonnant dans sa carrière administrative que dans la carrière des sciences. On ne peut se lasser d’admirer cette inconcevable activité, cette force d’attention extraordinaire qu’exigeaient tant d’affaires diverses, qu’il ne remettait jamais au lendemain ; tant de rapports avec une foule d’administrés (q) ; tant d’intérêts qu’il savait ménager avec justice, de manière à ne s’attirer que des témoignages de reconnaissance, dans des temps difficiles, où les prétentions de l’amour-propre s’élèvent souvent au-delà du possible.

Si je suis entré dans quelques détails à cet égard, si je me suis écarté un instant de mon but principal, celui de vous montrer l’homme de génie travaillant aux progrès des sciences, c’est pour que vous le connaissiez tout entier, pour que vous puissiez vous persuader que tous les instans de sa vie ont eu leur utile emploi ; que le temps a été pour lui un trésor, dont il n’a pas perdu la moindre valeur ; c’est pour vous donner, enfin, un exemple frappant de tout le travail dont on peut remplir son existence, lorsqu’on veut constamment, comme M. Cuvier ne manguer à aucun de ses devoirs, quelque nombreux qu’ils soient.