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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/93

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d’un quart d’heure à l’autre, sur des sujets si divers, est une des circonstances que j’ai le plus admirées dans les hautes qualités de son esprit.

Il dînait de 6 à 7. Lorsqu’il ne sortait pas, il se retirait immédiatement dans son cabinet pour y travailler jusqu’à 10 ou 11 heures ; de 11 à minuit il se faisait faire une lecture littéraire ou historique.

Ainsi M. Cuvier n’avait que le Dimanche pour suivre la méme occupation pendant toute une journée, et l’on ne saurait dire tout ce qu’il a produit de livres, de mémoires, de rapports, de notices historiques, durant ce jour qui pour tant d’autres est un jour de paresse ou de dissipation, et qu’il avait plus particulièrement consacré à révéler au monde les merveilles de la création.

En 1830, m’étant aperçu de l’ardeur avec laquelle il se livrait au travail quand il avait ainsi le loisir de rester toute une journée dans son cabinet, je lui exprimai mes craintes sur les funestes effets que pouvait produire sur sa santé ce travail excessif. Jusqu’à présent, lui dis-je, j’ai cru que la science avait beaucoup perdu par le temps que vous lui avez dérobé pour vos fonctions administratives ; maintenant je suis convaincu qu’elles ont été pour vous une salutaire distraction. C’est précisément ce que disait l’Empereur, en me nommant Maître des requêtes au Conseil d’État, me répondit mon illustre ami.

Quant à la manière dont il rédigeait ses ouvrages, on sera étonné d’apprendre qu’il les a tous écrits de sa main, et que sa rédaction, une fois qu’il avait réfléchi à ce qu’il voulait écrire, allait aussi vite que si on la lui eût dictée. Il ne la copiait jamais ; faisait très-peu de corrections, mais souvent des additions, qu’il intercalait en marge