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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/97

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« porte à croire, dit M. Cuvier, que ce n’était pas seulement dans ses rapports avec ceux auxquels il destinait ses prix, que M. de Montyon considérait sa fondation. Toujours délicat dans sa philanthropie, peut-être, sans vouloir le dire, avait-il autant en vue les classes élevées qu’il appelait à embellir cette fête de leur présence, que les êtres pauvres et vertueux qui devaient en paraître les objets principaux ; et pourquoi, en effet, l’idée ne lui serait-elle pas venue de faire pratiquer le culte de la vertu pour inspirer la vertu ? La Divinité, n’a aucun besoin de nos hommages, nous commande cependant de l’honorer, parce que nous ne pouvons nous approcher d’elle par la pensée, sans devenir plus purs. N’en serait-il pas de même de la vertu, de cette céleste empreinte de la Divinité ? et pourrions-nous célébrer si solennellement des actions vertueuses sans nous sentir plus vertueux nous-mêmes ? On a dit le vice contagieux ; la vertu ne serait-elle pas communicative ; et comme un air pur et vif rend souvent l’énergie au corps à demi asphyxié par des miasmes pestilentiels, n’existerait-il point une atmosphère morale, propre à ranimer la vie de l’ame ?

« Une autre intention que nous pouvons tout aussi raisonnablement supposer au noble fondateur, c’est celle de convertir ces hommes assez malheureux pour ne pas croixe à la vertu.

« Au milieu des cours où il vécut, et dans des temps qui, en multipliant les chances de l’ambition, avaient fait descendre les vices qu’elle enfante jusque dans les rangs les plus humbles, cet homme, si éminemment